Voici une question qui revient souvent dans les formations au management : est-ce que je peux aller sur le champ personnel ?
Quand cette question pose-t-elle un problème ?
Il est intéressant de constater qu’au retour de vacances, un manager pourra interroger son collaborateur sur la qualité du voyage effectué, de l’hôtellerie ou simplement lui demander comment se sont passées les vacances.
La structuration du temps[1], un des concepts de l’analyse transactionnelle, nous éclaire sur la nature des échanges et de ce qu’ils apportent en terme d’implication relationnelle.
Le rituel : « Bonjour comment allez-vous ? »
Ce sont les premiers mots en arrivant au travail. Généralement la réponse est : « bien merci et vous ? » Ce type d’échange est stéréotypé et peu impliquant pour les personnes.
Le passe-temps : C’est ici que l’on parle des vacances, du match de foot ou du petit dernier. L’échange se fait à un niveau personnel, ouvert, dans la mesure où les sujets ne sont pas connus à l’avance et ne sont pas efficaces au regard des missions à effectuer dans son travail.
L’activité : les échanges sont techniques et portent sur la réalisation du travail. On parle de l’avancée du projet, du prix des matières premières ou du plan d’actions stratégiques. Ces échanges sont impersonnels.
Les 2 modes de structuration du temps suivants sont beaucoup plus impliquants. Il s’agit des jeux psychologiques et de la proximité. C’est ici qu’il peut y avoir une appréhension dans la relation.
La proximité [2]: C’est le moment où se disent les choses personnelles. Encore faut-il être en confiance, ne pas craindre une éventuelle exploitation de ce qui est dit. Cette sécurité permettra de raconter ses meilleurs mots et meilleurs maux. A ce stade, il y a une coopération forte entre les individus.
Les jeux psychologiques : A l’opposé de la proximité, les jeux psychologiques se jouent aussi sur le terrain personnel et sont beaucoup plus désagréables à vivre. A un niveau élevé, ils paralysent l’activité.
Poser un cadre protecteur
Derrière la demande de permission (puis-je aller sur le champ personnel), se cache celle de la protection.
Si un collaborateur n’assume plus sa mission, le manager a la responsabilité d’aller voir ce qui se passe pour comprendre et, si possible, résoudre le problème. Il ne s’agit pas d’être intrusif mais attentif. Poser des questions en se mettant en situation de soutien permettra au collaborateur de prendre ou de laisser la main tendue. C’est bien le collaborateur qui accepte, ou pas, d’apporter des éléments explicatifs personnels à un problème professionnel. Le manager questionne, écoute, propose de l’aide dans la limite de ses compétences professionnelles, ce qui peut se traduire par : un aménagement des missions, de l’organisation du travail, des délais… Il ne va pas essayer de traiter le problème personnel.
La conscience et la mise en place de ce cadre protecteur permettra au manager de surmonter la peur de se laisser aspirer par les jeux psychologiques, en endossant un rôle de Sauveteur[3] faisant face à une Victime.
[1] Raymond Hostie : Le compas, nouvel outil de synthèse et d’analyse des soifs – Classique des AAT n°1
[2] Le terme exact est « intimité ». En entreprise, je préfère parler de proximité.
[3] Pour aller plus loin sur la théorie des jeux psychologiques : www.analysetransactionnelle.fr